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Les marches folkloriques de l'Entre-Sambre-et-Meuse

Le folklore des Marches

Lorsque viennent le printemps, les jeunes pousses et les premières ritournelles des oiseaux, il est en nos villages un chant mélodieux, celui du fifre, qui perce la brume et titille l’âme du marcheur. Alors des silhouettes d’un autre monde apparaissent dans nos plaines et vallons. Les murs des vieilles cités tremblent sous les roulements des tambours. Bientôt, le jour donne aux costumes du Premier et  du Second Empire tout leur éclat. Le lundi de Pentecôte, dès 3h du matin, les rolendiens honorent leur sainte. Princesse lombarde et fille du roi Didier, Rolende meurt d’épuisement sur le chemin de l’exil et de la foi, vers 774-776, à la ferme de Villé (Villers-poterie), sur les terres gerpinnoises. Sa dépouille est à l’origine de plusieurs miracles et, en 1103, Otbert, prince-évêque de Liège, reconnait officiellement sa sainteté.

Depuis ce jour une procession s’est développée, d’abord dans un périmètre proche de l’église, puis aux limites approximatives de la paroisse. La ferveur est au rendez-vous. C’est une fusion extraordinaire mêlant à la fois le sacré et la fête populaire. L’église est bondée de pèlerins venus assister à l’office. Dès 3h45, le rigodon célèbre le passage de la canne du tambour-major de Gerpinnes à celui de Villers-Poterie, honneur aux Villersois qui commandent le départ de la procession de la châsse où sont déposées les reliques de sainte Rolende. Chef- d’œuvre remarquable de 1599, issu des ateliers de l’orfèvre namurois Henri Libert, celle-ci est exposée en permanence dans l’église de Gerpinnes.

Poudre et fusils, foi et liesse

Aujourd’hui, la procession effectue un périple immuable de 30 kilomètres par Hymiée, Hanzinne, Tarcienne, Bertransart, Les Flaches, Joncret, Acoz, Villers-Poterie, Gougnies et Fromiée, pour opérer la rentrée solennelle à 18h, au départ de la plaine de Sartia, vers l’église de Gerpinnes.

Une foule impressionnante assiste à ce spectacle édifiant et haut en couleur, qui réunit 3300 marcheurs ! Tambours et fifres, fanfares et harmonies, poudre et fusils, foi et liesse, tradition et rigueur. Une locution wallonne qui remonte à la nuit des temps dit : « Li cén qui n’a jamés vèyu ça, n’a jamés rén vu ! » (Celui qui n’a jamais vu ça, n’a jamais rien vu).

Depuis décembre 2012, l’Unesco a inscrit le Tour Sainte-Rolende sur la  Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Marcher...

Un pied devant l’autre me direz-vous…
En nos villages de Sambre- Et –Meuse, cela ne se résume pas essentiellement à l’acte physique ;
cela représente un fait émotionnel voire passionnel , en tous les cas, traditionnel.
Le marcheur est garant et respectueux de son folklore.
En revêtant son uniforme dit «  du premier ou du second  empires », il en devient un ambassadeur.
Lors de l’accompagnement de la procession ou du pèlerinage
en l’honneur du saint patron,sa tenue est irréprochable.
Il est escorteur de processions.
Souvent, il porte en lui l’héritage coutumier familial, il deviendra un passeur de traditions.          

Marcher…

Rassemble et rapproche les hommes et les femmes de toutes
conditions sociales philosophiques et culturelles.
Le seul effet de subordination est lié au grade du  marcheur.
Ne s’improvise pas, il existe  une gestique  particulière  liée aux compagnies, 
aux pelotons et guérites

Marcher…  
   C’est prendre le pas au rythme des tambours et fifres
   C’est  perpétuer le serment de nos anciens.
   C’est appartenir à une famille de plus ou moins 20.000 personnes.
   C’est être un ambassadeur  de l’association des marches de l Entre- Sambre- Et- Meuse
   C’est être digne de la reconnaissance de l’UNESCO, plébiscitant le concept de nos marches,
comme Chefs d’œuvre Oral et Immatériel de l’Humanité.

Marchî…

On-n’a ça dins l’sang qu’on nos-a dit
On-n’sét nén co d’visér mè marchî dèdja on sét.
Pad’zous l’drapia pou couminçî…adon on routra  ûlôd, sapêur, grènadier, voltijeûr èco zouâve…
Quand-on ètind l’ra d’in tamboûr ça vos prind di tous lès costés
Riniflér ène boûne pènéye di poûre a plin néz, gn-a qu’çoula d’vré
Et ci pa maleûr on-n’sét…assurè mès djins on z-è brét.         

 Michel Robert.